De tanneurs à parfumeurs de la noblesse
C’est au XIIème siècle que débute la folle histoire de la ville de Grasse. De nombreux tanneurs s’installent autour du petit cours d’eau qui traverse la ville pour y faire commerce de peaux. Gants, sacs, ceintures, dont la senteur tenace déplaisait, ne trouvèrent pas leur place chez les femmes du monde qui laissaient cette matière à l’usage des petits travailleurs. Pour répondre à cette problématique, certains tanneurs se mirent à associer des fragrances fleuries à leurs cuirs et envoyèrent des gants parfumés à la Cour de France. Le succès fut immédiat, et, sous l’impulsion de Catherine de Médicis, ils devinrent une mode incontournable autour du bassin méditerranéen. En 1614, le Roi lui-même reconnaît une nouvelle corporation de parfumeurs gantiers.
L’expansion de l’industrie
Du développement de ces eaux odorantes est né celui de la culture des fleurs. Les champs et plantations se multiplient sur des hectares autour de la cité dont le microclimat et la qualité de la terre en font une mine d’or. Jasmin, rose de mai, violette, fleur d’oranger, lavande, les essences olfactives méditerranéennes y sont cultivées. Au milieu du XVIIIe siècle, c’est l’essor de l’industrialisation. Les plus grands parfumeurs, Fragonard, Gallimard, Chiris y virent le jour, l’univers du parfum devient concurrentiel.
Manufactures et fragrances
La fabrication artisanale laisse place aux manufactures et aux importations de fragrances aux senteurs exotiques venues des colonies telles que la vanille ou l’ylang. En 1875, 65 sociétés liées à la parfumerie colorent l’économie de Grasse. Industries, courtiers, cultivateurs se partagent alors l’essor économique de la ville aux senteurs. La création d’usines de parfum, de boutiques, la culture de plantes, finit d’asseoir une belle réputation qui ne fera que grandir. Mais ce luxe parfumé reste encore élitiste et haut de gamme.
Popularisation d’un produit de luxe
Berceau des découvertes aromatiques, le XXème siècle aura vu les classes moyennes accéder aux parfums grâce à l’apparition des produits de synthèse. En 1905, on récolte 600 tonnes de fleurs chaque année contre 5000 tonnes en 1940. Dans les années 2000 on dénombre seulement 30 tonnes de produits achalandés jusqu’aux usines historiques.
Les champs sont en décroissance au profit de logements dont la ville a besoin pour accueillir ses travailleurs. Il reste cependant aujourd’hui quelques exploitations florales bien connues des locaux autour de la campagne grassoise. Ces fleurs sont de nouveaux réservées à l’industrie haut de gamme.
Vestiges d’un passé aux milles senteurs
Marqué par ses années d’exploitation et de créations florales, Grasse se pare aujourd’hui des marques de son histoire. Flâner en son centre historique, c’est remonter dans le temps et revivre les années florissantes de l’industrie du parfum provençal. Au cœur du Grasse médiéval, se cachent les vestiges d’une époque révolue. C’est ici que les plus grands parfumeurs ont débuté leur art, perfectionné leur pratique et transmis leurs savoirs. Ses ruelles pavées, étroites et désordonnées, la fraîcheur de ses murs, les fragrances de ses parfums. Une agréable balade où petits restaurants et boutiques vous attirent par leurs devantures d’époque.
Faites-vous conter l’histoire !
Nombre de musées rappellent désormais l’incroyable devenir d’une petite cité que rien ne destinait à une pareille existence. Le musée international de la parfumerie, le musée Fragonard, le musée Gallimard et le musée Molinard en sont les principaux étendards. Le musée d’art et d’histoire de Provence, le musée du costume nous plongent quant à eux dans l’univers authentique de la vie provençale.
Une renommée mondiale
Aujourd’hui capitale du parfum, la vieille ville de Grasse vous ouvre les secrets de fabrication ancestrale de leurs senteurs autour d’atelier de création de parfum, de démonstration de transformation de matières premières, distillation, extraction, lors des visites guidées odorantes de musées au milieu des alambics. Onguents fleuris d’époque, arômes, eaux de parfum, cosmétiques, eaux de toilette, eaux de Cologne, encens, bougie, cueillette, tout est évoqué dans le but d’éveiller nos cinq sens. Un patrimoine culturel en Pays de Grasse qui fait la fierté de la région. Les parfumeries proposent aujourd’hui leurs « parfums de Grasse » comme un emblème de qualité olfactif, un certificat d’excellence.